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Test : Eastward sur Nintendo Switch

Caractéristiques du jeu

  • Sous-Titres : Anglais, Français, Japonais, Chinois
  • Date de sortie : 16 Septembre 2021
  • Joueur(s) : 1
  • Taille : 1765 Mb
  • Classe d’âge : 12 ans

Ce test de Eastward sur Nintendo Switch a été réalisé sur une partie complète de 21 heures.


Si comme moi vous avez été enfant un jour, vous vous êtes probablement retrouvé devant ces catégories de jeu sur internet ou dans un magazine : Aventure, RPG, Sports, Puzzle, Point n’ click etc. En grandissant, vous avez découvert les subtilités de ces catégories, Action-Aventure, JRPG/ARPG, Versus, Party Game, et autres anglicismes précisant la nature de ces expériences vidéoludiques. Et puis, si vous avez un jour enchaîné les jeux vidéos pour les besoins d’un site de critiques, vous avez créé votre propre classement personnel. Généralement dans ces moments-là, la magie du jeu vidéo est atténuée et on joue à “Le jeu indé en cel-shading qui parle de la dépression”, “le pixel-art ironique qui plagie la série Mother”, “les assets Unity gratos pour vendre sa daube” etc… et reconnaissons-le, l’émerveillement se fait de plus en plus rare. Près de dix mille jeux sortent par an et s’il est génial que la création de jeux se démocratise à ce point, il est aussi évident que tous ne seront pas des pépites. Pourtant, de temps en temps, un petit bijou sort du lot. Qu’il soit un “petit jeu indé” ou un gros AAA qui fait cracher ton ventilo, il apparaît tous les mille ans tel l’inénarrable guerrier légendaire qu’on a tous incarné un jour.

En 2021, lors d’un petit matin de septembre, la pépite indispensable qui allait rejoindre le panthéon de ma Nintendo Switch est apparu. Il s’appelle Eastward, et il est incroyable.


Eastward a été annoncé pour la toute première fois en 2015. Sur le blog du studio Pixpil fondé en 2013, le trio de Shanghai à l’origine du projet nous présente le jeu comme une aventure inspirée de The Legend of Zelda et des JRPG où nous incarnerons deux protagonistes parcourant un monde post-apocalyptique. Apparu rapidement dans je ne sais plus quel Nintendo Direct, le jeu m’a immédiatement fait de l’oeil. Oui, je suis faible, donnez-moi un joli pixel-art, du RustyPoutouPunk (c’est quand c’est post-apo mais avec de la tôle rouillée partout et de l’anticapitalisme) et un train et je suis déjà séduit. Puis dans le dernier Nintendo Indie World Showcase, nous avons eu la bonne surprise non seulement d’avoir un trailer mais aussi la date de sortie : 16 septembre. Le trailer présentait succinctement les aventures qui nous attendent dans une très belle animation entrecoupée de phases de gameplay où tout paraissait cool et beau.

Eastward ça parle de quoi ? Vous y incarnez tout simplement John, un mineur, donc fumeur et muet, et Sam, une enfant mineure donc non fumeuse et bavarde. Vivant dans l’Île-Cocotte, un bastion sous terre où vit une communauté d’humains rigolos et bizarres sous le joug d’un terrible Maire; vous évoluez parmi des habitants hauts en couleur qui vous voient d’un oeil plus ou moins bon. Il y a ceux qui se méfient de votre caractère taciturne, d’autres qui trouvent que Sam, la petite fille recueillie dans une décharge n’inspire pas confiance, d’autres sont vos camarades à la mine et d’autres encore veulent juste bien se faire voir du Maire quitte à vous casser du sucre sur le dos. Quelques aventures plus tard, vous vous retrouvez à fouler les Terres Interdites et le Maire vous bannit à jamais de l’Île-Cocotte, John, Sam et Jester (un artiste local). Vous êtes tous condamnés à errer dans le monde de la surface, aussi appelé la Terre des Morts. Emmenés au loin de votre village, vous y découvrez pourtant un endroit magnifique, avec un ciel bleu immense et de gigantesques étendues vertes. Mais dans l’ombre, un Mal se tapit, et très vite vous comprendrez que les craintes du Maire ne sont pas si infondées que ça.

Sans rien vous spoiler de l’histoire, sachez que la narration est maîtrisée de bout en bout. Si le jeu est bavard, il sait suffisamment bien alterner les phases de donjon où puzzle et combat se mêlent et les instants plus calmes qui font avancer l’histoire, donnent de la saveur à tel personnage ou bien installent une atmosphère en très peu de temps. À ce niveau-là, l’écriture est impeccable et chaque personnage non joueur semble avoir profité du même soin que nos protagonistes. On est loin de l’ironie permanente bien trop classiques de nos jours dans les RPG indés, et il y a de véritables moments d’émotions, tristes, drôles, effrayants. C’est extrêmement savoureux de ressentir toutes ces choses-là sans qu’elles ne souffrent du syndrôme Marvel (désamorcer n’importe quelle émotion un peu désagréable par une vanne pour rester dans le confort). On est face à un jeu qui ne cherche jamais à être autre chose que lui-même. Oui, il y a de (très) nombreuses références, à plein de jeux, que ce soit The Legend of Zelda, la série Mother, la série Dragon Quest et par moment j’y ai même trouvé du The Last of Us et du Stardew Valley (en même temps, Chucklefish est l’éditeur). Mais c’est toujours distillé par de petites touches suffisamment bien dosées pour que l’inspiration ne prenne pas trop de place et laisse suffisamment d’espace au jeu lui-même.

Côté gameplay pur, on expérimente surtout lors des phases de donjon. Nos héros peuvent alors utiliser leurs armes et leurs capacités, résoudre des puzzles à base de caisses et d’interrupteurs. Par moments imprécis, les combats trouvent leur force dans la complémentarité de Sam et John. Sam a des pouvoirs psychiques qui peuvent immobiliser les ennemis, un à la fois ou tout ceux présents autour d’elle. Pendant ce temps, John frappe dans un dynamisme bienvenu malgré certains problèmes de visée ou de hitbox. Il manie le flingue, les bombes, le lance-flammes, la poêle et autre. Oui, une poêle, celle-là même qu’il utilise pour préparer de bons petits plats.

La cuisine, petit élément mécanique du jeu qui peut changer la donne d’un combat, vous pousse à l’expérimentation. Trouver tous les ingrédients du jeu, les combiner de la bonne façon pour découvrir toutes les recettes, puis jouer à un bandit manchot pour upgrader le tout, une façon simple mais très efficace de vous pousser à tester toutes sortes de choses. Dans une belle animation dont le sound design n’est pas sans rappeler un certain Breath Of The Wild, les éléments sautillent sur la gazinière avant de vous fournir un plat qui pourra vous soigner, vous rajouter des coeurs, booster vos stats etc. Allez-y, créez et mangez ! Vous pourrez cuisiner autant de plats qu’il y a d’emplacements libres dans votre sac, qui peut évidemment être amélioré. Tâchez d’avoir toujours de quoi grignoter entre deux mandales, d’autant qu’en avançant dans le périple, vous ferez face à des monstres de plus en plus redoutables.

Enfin, après les puzzles ingénieux, les combats satisfaisants, la cuisine et ses innombrables tests, qu’est-ce qui manque à un jeu dans sa liste des ingrédients pour en faire un “jeu trop bien” ? Évidemment, la bonne grosse louchée de rab ! UN JEU DANS LE JEU ! EarthBorn, un jrpg fictif dont le succès retentit dans le monde d’Eastward est jouable au travers de bornes disséminées dans chaque ville et village. Pur hommage aux JRPG des années 80/90, le vice est poussé jusqu’à lui avoir fait un manuel dans le plus pur style SNES. On y retrouve un chevalier ressemblant trait pour trait à un héros de Dragon Quest et son équipe composée du marchand, de la jeune fille, du singe. Avec les combats aléatoires au tour par tour, les clichés maîtrisés à la perfection et le tout servi dans un écrin de fausse télé. ET C’EST PAS TOUT !!!! Y’A DES PRODUITS DÉRIVÉS DU JEU DANS LE JEU ! Parce qu’on aime tous les gachas, Eastward a le bon goût de nous disséminer en plus des bornes de jeu des machines à surprise. Mettez-y un jeton et collectionnez des figurines issues du jeu qui influeront sur les stats de vos héros par un système ressemblant beaucoup aux amiibos. Et chaque figurine a une version alternative, car la soif de collection des vrais gamers ne s’arrête jamais. Totalement dispensable pour parvenir à la fin de l’aventure, il ajoute cependant une grosse part de saveur à cet univers et c’est probablement le petit bonus qui a fait chavirer mon petit coeur d’enfant.

Il serait bien malvenu de ne pas clore mon éloge sans dire un mot sur la direction artistique du jeu. Parce que si de loin, il peut ressembler à n’importe quel jeu en pixel-art, le soin apporté rend le tout incroyable. Le chara design et le level design rend chaque petite parcelle savoureuse pour les yeux. Les décors, les animations, les personnages qui sont chacun ouvragés avec tant d’amour. Et le tout dans un écrin mêlant du dessin et des animations léchées pour les manuels ou la cinématique d’intro. Il semble très difficile de ne pas être sensible un tant soit peu à un si beau travail, très honnêtement je n’avais pas autant ressenti de sensations d’aventure et de voyage dans un jeu 2D moderne depuis un bout de temps. Et pour habiller le tout et donner à vos oreilles jalouses le même plaisir qu’à vos mirettes, les Shanghaïens de Pixpil ont fait appel à Joel Corelitz qui a oeuvré sur le futur Halo Infinite et sur Death Stranding, entre autres beaux bébés. Compositeur et sound designer du titre, il signe une bande-son de plus de deux heures qui saura donner une dimension incroyable à un jeu réussi de bout en bout.


J’ai testé diverses sortes de jeu pour Nintendo Vision. Des bons jeux, des jeux moyens, des jeux laborieux et de très bons jeux. Mais je compte sur les doigts d’une main les jeux qui m’ont fait une aussi forte impression qu’Eastward. C’est un premier titre réussi et maîtrisé de bout en bout. Offrant un univers aussi surprenant qu’envoûtant, une histoire qui ne fait que gagner en puissance jusqu’à une fin qui m’a laissé pantois, le tout servi dans un enrobage de pixel-art, d’effets visuels, d’effets sonores et de musique qui ne font qu’épicer avec brio cette formule; le titre de Pixpil m’a séduit comme peu de restaurants ont su le faire. Des inspirations puisant aussi bien dans The Legend of Zelda qu’Akira; un rythme parfaitement mené et autant d’émotions : je ne pouvais pas demander mieux comme dernier test sur ce site. Je ne peux que vous encourager à foncer dessus, car je sais que la vingtaine d’heures que j’y ai passé m’a vraiment mis une claque comme je ne m’y attendais, bravo et merci.

Ce test de Eastward sur Nintendo Switch a été réalisé à partir d’une version offerte par l’éditeur.


EN BREF

Les +

  • Tout.
  • La DA
  • L’écriture
  • Le Gameplay
  • La musique

Les –

  • Rien
  • Si à la rigueur les combats imprécis
  • Mais voilà quoi
  • C’est vraiment tout
  • Foncez dessus.

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Summary
Review Date
Reviewed Item
Eastward
Author Rating
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Software Name
Eastward
Software Name
Nintendo Switch
Software Category
Video Games