
Caractéristiques du jeu
- Sous-Titres : Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Japonais, Chinois
- Date de sortie : 25 février 2021
- Joueur(s) : 1-2 joueur(s)
- Taille : 3111 Mb
- Classe d’âge : 12 ans
Il était une fois un petit garçon qui découvrait la vie avec de grands yeux émerveillés. Un beau jour, fébrile, il exhume d’une malle au trésor une console vintage grise sur laquelle on pouvait lire “Super Nintendo“. Un sourire gigantesque reliant ses oreilles, il souffle dans les circuits d’une cartouche portant le doux prénom de “Super Ghouls ‘n Ghosts“. Aux côtés de l’enfant traîne une assiette, où les restes d’un biscuit rappellent à son souvenir l’instant d’un goûter fugace, avalé dans l’impatience de la découverte à venir. Il savait qu’il allait incarner un chevalier, volant au secours de sa douce, et affrontant pour cela les armées infernales, aidé de son courage et de son javelot. Ce jour-là, on entendit à des kilomètres à la ronde les hurlements de colère et de douleur de ce petit innocent qui venait de plonger dans l’inévitable spirale du sang, de la sueur, et des larmes. Il n’osa plus se frotter à la série, n’ayant le souvenir salé que de morts à répétition et d’une difficulté atroce ne lui permettant de ne jamais traverser le deuxième niveau.
Puis un beau jour, le rédacteur en chef de cet excellent site qu’est NintendoVision (dont le lectorat est on ne peut plus de qualité) pose naïvement la question “J’ai Ghosts ‘n Goblins Resurrection sur Nintendo Switch à tester, ça intéresse quelqu’un ?”. L’heure de la vengeance a sonné pour l’enfant qui peut désormais assouvir son besoin de repartir à l’assaut. Sauf que cette fois, il a gagné en compétences et en maîtrise de soi (non.)
La légende du Saint Râle
Tout d’abord un peu d’histoire, Ghosts ‘n Goblins, c’est avant tout un jeu d’arcade de Tokuro Fujiwara sorti en 1985. Le principe n’a pas changé entretemps, vous y incarniez déjà Arthur qui partait combattre les légions infernales dans le but de sauver la peau de sa belle Guinevere. Pour vous donner une idée si vous n’avez jamais joué à un jeu d’arcade : le gameplay est extrêmement difficile car le but est bien évidemment de vous faire perdre afin que vous remettiez des sous dans la machine pour continuer à jouer; “un jeu d’arcade difficile” est donc un pléonasme. Mais même pour les standards de l’époque, le titre était considéré comme extrêmement difficile et tous les épisodes qui ont suivi (Ghouls ‘n Ghosts, Super Ghouls ‘n Ghosts, et Ultimate Ghosts ‘n Goblins) n’ont jamais failli à cette difficulté extrême qui est devenue partie intégrante de l’identité de la saga, donc autant vous dire que tout ceux qui ont crâné en disant “gneuh gneuh moi je l’ai fini” ne sont que des sales petits menteurs (je m’adresse spécialement à Vincent Lecoffre de la maternelle Marcel Pagnol qui jurait que son grand frère avait fini mille fois Super Ghouls ‘n Ghosts, fin de l’aparté).
Fais-moi mal, Fuji Fuji Fuji
En ce sens, Ghosts ‘n Goblin Ressurection ne déçoit pas. Les ennemis affluent, votre personnage a une palette de mouvements on ne peut plus rigides et il suffira de quelques dégâts subis pour vous retrouver en magnifique caleçon à fraises; les points de vie étant symbolisés par votre armure dont vous perdez des parties à chaque touche reçue, votre magnifique lingerie étant la dernière frontière avant la mort. Et mourir, vous y aurez droit très souvent dans le jeu. Cependant, on vous propose au début de la partie d’en régler la difficulté : Serez-vous un PALADIN, pourfendeur du Mal pour qui le niveau de difficulté maximum n’est qu’une chatouille dans cet océan de rudesse que l’on appelle le Monde ? Un Chevalier, dont l’épée ne demande qu’à tâter du démon ? Un écuyer, dont la volonté de combat va de pair avec une envie de challenge somme toute relative ? Ou un laquais, dont l’envie de rendre son test en temps et en heure l’oblige à se vautrer plus bas que terre pour une expérience conciliant balayage complet d’un titre et humiliation personnelle ?
Si ton armure prend feu, lance l’eau !
La douleur se fera ressentir quoiqu’il arrive, puisque seuls changeront la fréquence d’apparition des ennemis ainsi que leur nombre; chaque touche restera tout aussi fatale et chaque mort vous ramènera au début du niveau ou à la dernière bannière rencontrée. Le mode laquais, le plus facile vous permet de réapparaître directement à l’endroit de votre mort; mais s’il vous permet ainsi de balayer le jeu plus facilement, il vous empêche d’avoir accès à la totalité de l’expérience. Des zones, des pouvoirs, la bonne fin vous seront inaccessibles. C’est amusant pour qui ne connaît pas la série et aimerait en avoir un aperçu mais ça enlève tout l’intérêt du jeu dont le sel réside dans celui qu’il crée en nous. Car, toujours réalisé par le même Fujiwara, Ghosts ‘n Goblins Resurrection ne perd pas de vue ce qu’il est : une quête initiatique vers un dépassement de soi, qui ramène l’humilité dans le coeur du prétentieux, l’apaisement dans l’âme du colérique, le joy-con cassé au SAV. Vous parcourez ces mondes, millimètre par millimètre, tâtonnant avec les armes que vous offre le jeu, découvrant les patterns des ennemis aussi fatals que l’environnement se dérobant sous vos chausses. Pour qui aime les défis et apprendre par coeur aussi bien les patterns que ses propres limites mentales, foncez.
En plus du javelot, vous découvrirez des fioles de feu, des projectiles coupants, un marteau, une arbalète tirant deux carreaux en diagonale, des couteaux de lancer, tout un arsenal permettant de s’adapter aux divers monstres avec plus ou moins de bonheur. Une touche de tir rapide vous permet d’attaquer en continu mais n’y voyez pas là un cadeau du jeu car vous ne pouvez tirer et courir en même temps, et rares sont les occasions où vous pourrez vous permettre de rester immobile et spammer votre arme. Vous débloquerez également au fur et à mesure un arbre de compétences, pouvant vous octroyer des capacités, plus ou moins puissantes et qui nécessiteront de se charger avant chaque utilisation, là aussi, travaillez vos timings. Cette nouvelle itération de Ghosts ‘n Goblins ne laisse que très rarement le temps de souffler. Entre les hordes d’ennemis, le terrain en mouvement, quand ce n’est pas le scroll imposé sur certaines portions; on retrouve la recette un brin anachronique de ces titres qui, non contents de mettre le joueur à terre, le finissent à coups de petits chassés dans les cotes. Si vous ajoutez à cela une maniabilité rigide bien comme il faut à l’ancienne, vous vous trouvez avec un petit enfer virtuel dans lequel il est pourtant difficile de ne pas revenir pour retenter notre chance.
Ça fait saigner les pouces mais pas les yeux ni les oreilles
Côté direction artistique, on est gâtés ! Visuellement, le jeu abandonne le gros pixel des débuts pour arborer une 2D du plus bel effet. Lorgnant sur des palettes plus proches de la 3D d’Ultimate Ghosts ‘n Goblins et y administrant un traitement façon “illustration médiévale”, on se retrouve alors avec des graphismes aux animations drôles et aux détails somptueux, rappelant aussi bien les interludes animées des Monty Python que les scénettes de la série Rock of Ages. C’est beau, c’est lisible, et si par moments certaines plateformes semblent avoir une hitbox différente de leurs apparences, ces moments sont rares et il faut accepter que rater un saut, c’est rarement de la faute à la manette.
La bande-son retrouve les thèmes classiques de la série. Malheureusement entièrement synthétique. On aurait aimé que le vice soit poussé jusqu’à offrir une bande-son orchestrale afin d’ajouter au côté “too much” du jeu. Le sound design aussi laisse assez vite transparaître une monotonie. On peut y voir un hommage aux sons arcade de l’époque mais une petite couche de vernis neuf n’aurait pas été de trop sur cet aspect.
Si Ghosts ‘n Goblins Ressurection signe un épisode absolument magistral de la série, tant au niveau de la difficulté, toujours aussi démente, que de son univers visuel et musical; on peut toutefois se désoler du peu de niveaux. Certes, tous les traverser va vous demander de la patience et bien plus d’essais que vous ne le pensez, mais chaque chose est si finement travaillée, remplie de secrets, de détails qu’on a envie d’en avoir plus, évidemment. Rassurez-vous, le jeu a placé pour vous 31 “actes héroïques” (ou achievement en langage g@m3rZ) qui vous permettront de trouver de nouveaux défis à relever. Ah, et si après une run réussie vous pensiez avoir tout vu, relancez le jeu, et frottez-vous à une difficulté encore augmentée. Je vous laisse, il est temps pour moi de souffler un peu sur Dark Souls.
Ce test de Ghosts ‘n Goblins Resurrection sur Nintendo Switch a été réalisé à partir d’une version offerte par l’éditeur.
EN BREF
Les +
- Une vraie difficulté à l’ancienne
- C’est beau, vraiment
- Fait relativiser sur la difficulté d’ouverture d’un pot de confiture
- Une rejouabilité infinie si vous avez la motivation
Les –
- Une rigidité anachronique qui en rebutera beaucoup
- Quelques hitbox parfois douteuses
- Assez court
- Bande-son rétro, un peu trop par rapport au reste ?
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J’aime pas le persil