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Test : Guard Duty

Caractéristiques du jeu

  • Catégorie(s) : Aventure, Point’N click
  •  Editeur(s) : Digital Tribe
  • Développeurs(s) : Sick Chicken Studios
  •  Voix : Anglais
  • Sous-Titres : Allemand, Anglais, Espagnol, Français
  • Date de sortie : 24/04/2020
  • Joueur(s) : 1
  • Taille : 1500 Mo
  • Classe d’âge : 12+

Nous vous parlons d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître. Les développeurs en ce temps-là, proposaient des point’N click jusque sur nos consoles… Voilà ce que le grand Aznavour aurait pu chanter. En effet, très en vogue (expression de l’époque) dans les années 80/90, le Point’N click est devenu très rare de nos jours. C’est pourquoi, lorsque de jeunes développeurs comme ceux de chez Sick Chicken Studios se penchent sur ce genre, nous ne pouvons qu’applaudir des deux mains, surtout lorsque le résultat est d’aussi bonne qualité que Guard Duty.

Le pitch de Guard Duty n’a rien de bien original. En effet, alors qu’il est complètement ivre durant son tour de garde, Tondbert laisse entrer un personnage assez louche dans le château de Wrinklewood. Le lendemain, le garde découvre avec horreur que la princesse a été kidnappée. Très vite, une évidence s’impose à lui, le ravisseur ne peut être que le mystérieux mage noir rencontré la veille (qui aurait pu s’attendre à un tel twist !). Si le jeune nain ne répare pas très vite sa terrible erreur, les répercussions risquent mille ans plus tard de détruire l’humanité tout entière… 

Pourtant, n’allez pas voir derrière cet air de déjà-vu une quelconque fainéantise du scénariste Nathan Hamley. Bien au contraire, l’artiste touche-à-tout (il est aussi à l’origine du character design du jeu) nous propose ici un véritable hommage à de grands hits comme Discworld, Simon the sorcererDay of the tentacle ou encore Flashback. Le tout sans jamais nous placer devant une redite de ces softs rentrés aujourd’hui au Panthéon des jeux vidéo.   

Tout commence par son sympathique protagoniste, le nain Tondbert. Un personnage pas très malin, maladroit et à l’hygiène douteuse (il n’arrête pas de se gratter durant le jeu). Il est indéniable qu’il est un amalgame de “héros” comme Rincevent (Discworld), Simon (Simon the sorcerer) ou Bernard (Day of the tentacle). Cependant, il y a une sorte de charisme inexplicable chez ce petit bonhomme dont le courage n’a d’égal que sa naïveté. Cette petite touche le rend donc immédiatement attachant auprès des joueurs, même les plus aguerris. Ensuite, vient l’autre personnage central de Guard Duty, l’agent Starborn.  Un personnage froid et sûr de lui et, à priori, en totale opposition avec Tondbert. Mais, là encore, le héros a ses limites puisqu’il n’est pas capable de se sortir de quoi que ce soit sans l’aide de ses compagnons d’armes. Un parallèle intelligent qui montre que, quelle que soit l’époque, l’histoire se répète inlassablement. 

Les personnages ne sont pas les seuls clins d’oeil aux SCUMM de notre enfance puisque nous retrouvons dans Guard Duty l’humour complètement décalé de l’époque. Que ce soit dans les répliques, le character design ou les décors enfantins tout ici prête à sourire. Même le parti-pris du pixel art vient renforcer ce lien à cette époque bénie du Point’N click. Mais alors ? Où est l’originalité de Guard Duty ? Vous dites-vous en plaçant vos petits poings rageurs sur vos hanches. Eh bien, vous la trouverez dans le cheminement du scénario qui débute comme Le donjon de Naheulbeuk et finit comme Blade Runner. Un changement de ton, et surtout d’ambiance, radical qui permet au soft de nous offrir une expérience de jeu unique. 

Enfin, pour en finir avec les hommages rendus aux années 80/90, le compositeur Richard S nous propose une bande-son au format 8-Bits qui, bien qu’elle puisse paraître désuète aujourd’hui, est à la fois originale et ultra travaillée. Des mélodies simples, mais qui parviennent à nous maintenir dans l’ambiance ou plutôt les ambiances du jeu. En effet, les musiques s’adaptent à l’époque où se déroule l’action avec des sons d’instruments traditionnels pour le moyen-âge et des partitions expérimentales pour le futur. De plus, les voix des personnages ont elles aussi été modélisées au format MIDI afin de donner un maximum de plaisir aux joueurs les plus nostalgiques.

Qui dit point’N click, dit gameplay spécifique et celui de Guard Duty est dans le plus pur style SCUMM. Ici, le stick gauche sert à déplacer une dague ou une croix (pour l’agent Starborn) qui changent de couleur lorsqu’elles passent sur un élément avec lequel le joueur peut interagir. Il lui suffit alors d’appuyer soit sur le bouton A pour les utiliser ou B pour les observer. Il en est de même pour les déplacements, il suffit de placer la dague/ Croix à l’emplacement désiré et d’appuyer sur A pour que le personnage s’y rende. Une prise en main Old school avec ses avantages et ses inconvénients. En effet, si même un enfant peut vite s’y retrouver, comme à l’époque, il est parfois difficile de voir les possibilités que le jeu offre pour sortir d’une scène. Il peut donc arriver que le joueur tourne un peu en rond avant de voir qu’il y a une sortie cachée dans le décor. 

Autre élément indispensable de ce genre de jeu, le fameux inventaire. Dans Guard Duty, notre bon Tondbert se promène avec un sac magique qui permet de stocker dans un volume très restreint des objets gigantesques comme une échelle, par exemple. En plus d’avoir l’avantage de pouvoir voyager léger pour notre garde, celui-ci est très pratique à utiliser pour le joueur. Il suffit, en effet, de placer le curseur sur ledit sac (placé en haut à droite de l’écran) et de choisir l’objet que vous souhaitez utiliser. Là encore, c’est un véritable jeu d’enfant !

Malgré toutes ces qualités, Guard Duty n’est pas parfait. Il souffre même d’un gros point négatif : sa durée de vie. En effet, les vieux de la vieille risquent de ne pas trop être gênés par les puzzles proposés dans ce soft et le termineront donc sans peine en à peu près 6 heures. Seuls deux passages risquent de leur donner un peu de fil à retordre. Il s’agit de l’antre de l’araignée géante et des montagnes enneigées où des connaissances en manipulation de boussole vont être nécessaires (merci au passage à Séverine pour son aide précieuse sur cette scène). Pour les néophytes, comptez au moins le double de temps pour finir l’aventure.

Il serait peut-être temps de parler graphismes. Les sprites du jeu fleurent bon le SCUMM (ça, nous l’avons déjà dit) ce qui n’empêche pas les scènes d’être ultra lisibles, et cela, même en mode nomade. Un véritable petit tour de force qui méritait tout de même d’être salué. D’autant plus que Nathan Hamley n’a pas fait dans la demi-mesure et que chaque tableau fourmille de petits détails.

 

Galerie D’images

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Guard Duty est un jeu très abouti pour un indé. Une histoire complexe, un humour décalé, des graphismes et une bande-son très travaillés et surtout, cerise sur le gâteau, sous-titré en français  (ce qui est assez rare dans une petite production pour être souligné). Quelques fautes de Français et de frappe se sont glissées dans les textes, mais nous n’allons pas faire les fines bouches. C’est donc un véritable plaisir que de se délecter de cette petite madeleine de Proust vidéoludique. Seule une durée de vie, peut-être un peu faible, risque de décevoir certains joueurs. De plus, une fois terminé, quelques mystères demeurent. En effet, nous nous trimballons un objet durant quasiment toute la partie pour rien, et une échoppe semble, elle aussi, inutile… et que dire de l’assassin ? Pourquoi ajouter ces détails s’ils ne servent à rien au final ? Y aurait-il des missions annexes cachées ? Les développeurs les auraient-ils simplement oubliés ? Le mystère reste entier. Bref, si vous êtes un mordu de Point’N click bien old school ou simplement si vous cherchez à découvrir ce genre unique, Guard Duty est fait pour vous !

Ce test a été réalisé à partir d’une version offerte par l’éditeur.

En bref

Avantages

  • Une ambiance bien eighties comme nous les aimons
  • Des graphismes qui restent lisibles même en mode nomade
  • Une maniabilité exemplaire
  • Des musiques et des voix très réussies
  • Les sous-titres français

Défauts

  • Une durée de vie trop courte
  • Une fin un peu cheap
  • Une araignée géante
  • Un parcours à l’aide d’une boussole

Notre Note :
4/5