
Caractéristiques du jeu
- Sous-Titres : Anglais
- Date de sortie : 27 juillet 2021
- Joueur(s) : 1
- Taille : 3545 Mb
- Classe d’âge : 12 ans
Ce test de The Great Ace Attorney Chronicles sur Nintendo Switch a été réalisé sur une partie complète de 64 heures. Oui. 64.
En 2005, la France connut de grands bouleversements. Jacques Villeret meurt, Youtube et Dailymotion naissent, Kaamelott fait ses premiers pas et surtout, les joueurs découvrent Phoenix Wright. Ténor du barreau au costume bleu impeccable, le personnage séduit et très vite se taille une place de choix dans le coeur des occidentaux qui le découvrent quatre ans après sa sortie au Japon. Désormais, les “Hold it” “Yes” et autres “Objection !” sont désormais bien connus du grand public et la saga n’est plus à présenter.
Nous sommes en 2021, Jacques Villeret est toujours mort, Youtube est une masse obèse et informe, Dailymotion est agonisant et Kaamelott tente de revenir au cinéma comme un vieux chanteur qui ne veut pas raccrocher. Mais devinez quoi ? La série Ace Attorney, toujours vivante, toujours la banane, toujours debout continue son chemin. Une fois n’est pas coutume, elle réitère son exploit de présenter à la vieille Europe une de ses moutures déjà bien connues au Japon. Répondant à une attente présente depuis des années chez les fans occidentaux, Capcom nous sert, sur Nintendo Switch comme sur PC une compilation regroupant deux spin-offs initialement sortis sur l’archipel : The Great Ace Attorney Chronicles. Combinant les deux épisodes sortis sur Nintendo 3DS, iOs et Android, nous voilà partis pour dix histoires rocambolesques, remplies de personnages attachants, de rebondissements surprenants et de dialogues super marrants, poil au dent.
Petit tour de Meiji
Contrairement au reste de la saga qui se déroule à notre époque contemporaine, les deux épisodes présents dans The Great Ace Attorney Chronicles ne mettent pas en scène le célèbre Phoenix Wright, mais son ancêtre : Ryunosuke Naruhodo. Le jeune homme est un étudiant à l’Université Impériale de Yumei, pendant l’ère Meiji, époque où, à la fin du 19ème siècle, le Japon décide de mettre fin à sa politique isolationniste pour embrasser un mode de vie industriel calqué sur l’Occident. Dès les premiers instants, quelque chose ne tourne pas rond, puisqu’après avoir passé des années et des années à nous faire incarner un avocat défendant des accusés, nous nous retrouvons désormais du mauvais côté.
Notre Ryunosuke se voit accusé d’un meurtre odieux, celui d’avoir tiré à bout portant sur un gentilhomme Anglais, à l’heure même où les deux pays viennent de signer un traité d’amitié. Sur le banc des prévenus, notre première histoire sera donc celle d’un innocent qui ne cherche qu’à se défendre malgré sa méconnaissance totale du système juridique. Ayant face à lui un juge laconique, un procureur teigneux et des témoins pas toujours très coopératifs, il devra faire appel à toutes ses ressources d’écoute, d’observation et surtout de déduction afin de se sortir de ce premier mauvais pas. Puis nous embarquerons pour la vieille Albion, déroulant une aventure dont je ne dévoilerai rien ici, chaque petit détail étant un bonbon à découvrir par soi-même pour l’apprécier pleinement. Sachez simplement que l’écriture est un délice, que ce soit celle des enquêtes, des personnages ou bien les thématiques abordées qui dressent un savoureux portrait de l’époque dont certains dialogues résonnent encore aujourd’hui.
Paroles, paroles et paroles
Ce qui frappe d’emblée quand on se lance dans la série Ace Attorney, c’est l’avalanche de texte qu’on va se prendre. The Great Ace Attorney Chronicles ne fait pas exception. Le premier chapitre, faisant office de tutoriel, pourra décourager les novices tant il ne laisse pas d’autre choix au joueur qu’un long fleuve ininterrompu de mots, sans forcément beaucoup de gameplay si ce n’est quelques phases d’observations disséminées ça et là. Les histoires suivantes, laissant la part belle aux phases d’observation, d’enquête et parfois aux mini-jeux afin de reconstituer des témoignages, sont bien plus faciles à digérer.
Cependant la première pose les bases de l’histoire, nous présente les personnages et permettra aux petits nouveaux de découvrir les diverses phases de jeu possible. Hélas, l’entrée en matière est assez longuette : rassurez-vous, le reste est bien plus fluide. D’autant que cette introduction n’est pas non plus désagréable : l’humour caractéristique de la série est déjà présent, l’enquête laisse se dérouler une histoire de plus en plus intrigante et, une fois passé le premier choc de “Ah donc là le jeu c’est juste appuyer sur A pour les dialogues ?” on découvre un attachement quasi-instantané à cet univers. Les développeurs ont eu le bon goût de laisser un mode “Auto” où les dialogues se déroulent tout seul et vous n’avez le contrôle que pour les moments réellement interactifs.
Bien que peu habitué à ce genre de jeu, et étant plutôt adepte des gameplays fouillés; j’ai pris énormément de plaisir à plonger dans chaque scénette et ai vécu le jeu comme une histoire dont j’étais le spectateur attentif. En mangeant tranquillement comme devant une série, et en se faisant un épisode par semaine ou par jour, on découvre un rythme inhabituel dans le jeu vidéo. Et c’est alors que le génie de l’écriture fait mouche : à un aucun moment on ne s’ennuie, à aucun moment on ne se lasse. Pour les besoins du test, j’ai du enchaîner les épisodes, et oui, par moments je faisais une overdose mais dans des conditions de jeu plus normales (comme je le refais actuellement, à mon rythme), nul doute que l’on se retrouve avec un incontournable du visual novel.
Débat, des hauts, DA
Si l’écriture participe à rendre le jeu attachant, la saga ne serait rien sans sa direction artistique. Doté d’un character design aux petits oignons, The Great Ace Attorney Chronicles nous livre une série de personnages, d’expressions faciales et corporelles, de situations absolument hilarantes (oui, j’ai éclaté de rire à certains moments tant le sens du timing est maîtrisé).
Offrant une belle évolution graphique qui sait à la fois reprendre le style des épisodes originels tout en y insufflant dans une 3D cel-shadée des costumes et des décors du début du XXème siècle; l’illusion est parfaite et on se retrouve instantanément transporté au siècle dernier. Les cinématiques d’introduction sous forme de dessin animé permettent encore plus de vivre le jeu comme une série à suivre et les doublages sont, comme toujours d’excellentes qualité. Les thèmes musicaux, sont beaux et rythment les enquêtes au même titre que les nombreux bruitages iconiques.
Le gros point noir du titre pour les joueurs Français sera évidemment l’absence de sous-titre. D’autant que l’anglais utilisé, empli d’argot et de tournures diverses demande un certain niveau. Si le titre s’adresse en particulier aux 12 ans et plus, le niveau de langue demandé fait que beaucoup n’auront pas forcément le bagage pour apprécier toutes les petites saveurs des dialogues : heureusement, le comique de situation, les expressions permettront aussi de reconstituer le vocabulaire manquant et de ne jamais être perdu dans l’histoire. Il est dommage de voir une localisation se faire avec le minimum syndical en termes de langues, d’autant que la série reste très populaire en Occident et a souvent été traduite en français, une mise à jour prochaine éventuellement ?
Avec sa dizaine d’histoires qui vous occuperont pendant plus d’une soixantaine d’heures, son époque magique nous montrant un Japon balbutiant sur la scène internationale, sa direction artistique rendant le tout attachant, The Great Ace Attorney Chronicles est un incontournable pour qui aime les visuals novels. Les enquêtes sont intéressantes, suivent toutes un fil rouge tout en étant chacune une histoire complète : bref, un énorme coup de coeur qui remplacera votre bouquin sur la plage pour cette deuxième moitié des vacances.

Ce test de The Great Ace Attorney Chronicles sur Nintendo Switch a été réalisé à partir d’une version offerte par l’éditeur.
EN BREF
Les +
- Une excellente durée de vie
- Personnages et histoires géniales
- Un humour parfaitement dosé
- Le rythme enquête/parlotte au poil
Les –
- Pas de traduction française
- Et un niveau correct d’anglais nécessaire
- Une intro un peu longuette
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